« J'ai lu votre roman, mademoiselle Johanson. » « ... » « Votre premier essai, si je ne m'abuse. J'ai lu votre dossier également. Dix-neuf ans, c'est ça ? C'est très jeune pour se lancer dans ce monde-ci. » Premier échange, au téléphone. C'était il y a six ans. On m'avait fait lire son manuscrit, je l'avais trouvé excellent malgré le jeune âge de son auteur. Alors, je l'avais appelée. Une voix charmante, si vous voulez mon avis. Dans laquelle on pouvait lire le stress qu'elle ressentait. « Vous êtes libre samedi midi ? Que diriez-vous d'aller manger un morceau ? »« Je vous demande pardon ?! » « Un restaurant. Afin que nous puissions parler de votre essai. Vous savez, c'est vraiment excellent pour quelqu'un de votre âge. » « C'est entendu. À quelle heure ? » Et puis je l'ai rencontrée et j'ai découvert une jeune femme incroyable. Nous nous sommes régulièrement vus afin de nous occuper de son livre, nous avons travaillé ensemble, et son livre fini par être publié. Et puis il y eut Vegas, pour promouvoir son roman.
« Dis-moi que je rêve ! Que... qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Nous étions nus, dans le lit de ma suite. J'avais fait l'amour avec l'écrivain que j'éditais, mon patron me tuerait s'il apprenait ceci. Mais ce n'était pas le pire. À nos annuaires, nous avions des anneaux. On était mariés. Et je me souvenais très bien de ce qu'il s'était passé la veille, je me souvenais de tout dans les moindres détails, malgré tout l'alcool que j'avais ingurgité. « Nous avons fait l'amour, puis nous sommes sortis, nous avons fait la fête et avons fini dans ce genre de petites chapelles tu sais, où l'on peut se marier en quinze minutes chrono. C'est ce qu'on a fait d'ailleurs. Puis nous avons pris le taxi pour rentrer et nous avons à nouveau fait l'amour. Impossible de te dire combien de fois par contre, j'ai arrêté de compter. » Beau résumé de la soirée. J'étais dans la merde. Même si je ne regrettais pas le moins du monde ce que j'avais fait. Je m'étais sentit attiré par Kaera dès le début. C'était une fin naturelle. Si l'on enlève le fait qu'elle soit l'auteur que je venais d'éditer. Je haussais les épaules, je m'allumais une cigarette, même si je savais que la demoiselle détestait cette manie. « En tout cas, si je peux me permettre... Tu es presque aussi douée au lit qu'avec une plume à la main. » Je la vis lever les yeux au ciel et elle m'intima de me taire. Elle m'enleva ensuite la cigarette de mes lèvres et plongea les siennes sur les miennes, comme pour me réduire au silence. Même si vous et moi savons que ce n'était pas sa principale motivation.
« Qu'est-ce que c'est que ça ?! » Je lui montrais un papier. La demande de divorce que je venais de recevoir, après cinq ans de mariage. Entre nous plus rien n'allait, avec sa fausse couche que je n'ai pas réussi à accepter et le fait qu'elle m'ait trouvé au lit avec une autre - et ça n'est arrivé qu'une fois ! Mais de là à divorcer... je ne le souhaitais pas. Parce que malgré tout, j'étais amoureux de Kaera. « Signe-moi ça, histoire de régler le problème. Je veux divorcer, Nath. » « Tu es tombée sur la tête ! » « Et toi alors ? Quelle idée de vouloir rester avec une femme alors qu'on sait très bien que le mariage est voué à l'échec ! » « Bordel, K. ! Regardes à quel point tu deviens détestable ! » « Et tu sais ce qu'elle te dit, la fille détestable ? » Elle m'avait jeté un regard noir, auquel je répondis avec autant de hargne. Depuis quelques temps, notre quotidien ressemblait à cela. Disputes, disputes et disputes. Mais ce n'était pas tout... Je plaquais Kaera contre le mur, et je l'embrassais langoureusement, ce à quoi elle répondit avec autant de passion que moi. Elle glissa ses mains sous mon t-shirt, je l'emmenais dans la chambre. Kaera et moi, c'était devenu trop compliqué. Nous étions en plein divorce, nous nous criions notre haine. Mais nous étions incapable de nous repousser et nos disputes se finissaient souvent sur l'oreiller. Vous savez, je crois que ceci est en train de nous détruire. Autant elle que moi. Aucun des deux n'en sortira indemne, il y a qu'à voir l'état actuel dans lequel nous sommes...