♦ ce n'est que quand il fait nuit que les étoiles brillent

Je décomptais les jours ainsi que les nuits. Depuis que j'étais rentrée d'Irak, c'est étrange mais je n'avais qu'une envie, c'était d'y retourner. Peut être que j'étais complétement inconsciente car ce n'est pas la pays que je risque de trouver. Seulement, ce n'est pas non plus mon but. Si je retournais là - bas, c'était pour lui. J'avais fais la connaissance d'une personne qui marquerait à jamais ma mémoire. Là - bas, c'était dangereux pour une demoiselle, tout le monde guettait le moindre geste pour pouvoir commencer à tirer en déclarant que c'était l'adversaire qui avait commencé. Seulement, je n'étais pas là pour aggraver la situation. J'avais comme travail de juste étudier la situation et d'en faire un article. Quand je me suis retrouvé entourée d'une dizaine d'homme, je me dis que je m'étais mise dans de beaux draps. Ce genre de situation ne pouvait que m'arriver. Alors essayant de paraitre normale et ne pas montrer la peur que j'avais au ventre, j'essayais de communiquer. Néanmoins, ça ne semblait pas être assez. C'est alors qu'un militaire est venu me chercher. Il semblait pourtant qu'il ne soit pas le bienvenue. Ensuite, je compris qu'il ne pouvait pas se trouver là. Il avait franchi la frontière du pacte entre militaires et habitants de cette terre. Cela réveilla alors leurs rages et sans plus attendre, on fila à toute allure, à travers le village, le désert pour se retrouver prisonnier de cette grotte ou caverne. Je n'en sais rien parce que cette boule au ventre ne faisait que grandir. J'étais loin de chez moi, loin des miens et voici en fuite d'un village rebelle. Heureusement, il était là. Il s'appelle Kaiden. C'est un grand brun, il est gentil et particulier. Toute suite, il a su me rassurer, me protéger. Voici que ce bel inconnu devient mon sauveur. Trois longs jours, voilà ce qui a suivi. On est resté caché jusqu'à ce qu'il trouve le beau moment pour m'emmener. Seul ça aurait été plus vite, sauf que cette fois - ci, on était deux et cela se révélait être deux fois plus compliqué. Alors on a passé du temps, on a commencé à discuter et on s'est liée. Cette relation est particulière car ce n'est pas le type de rencontre qu'on trouve à chaque coin de rue. Kaiden a vraiment quelque chose de particulier, quelque chose qui me plait plus qu'autre chose.. Cependant nos chemins devaient s'éloigner. Après m'avoir ramené à l'endroit où je devais, il devait me laisser. Et c'est là que mon cœur commençait à battre à l'anormale. Je ne voulais pas le quitter, je voulais rester même si c'était dans cette cachette que je passais le restant de mon temps. Tant qu'il était là, je me sentais toujours bien. Son regard me transperçant, il me dit au revoir et c'est à cet instant que je sens plus que jamais la douceur de sa peau, alors qu'il frôle la mienne. Un baiser en coin, du bout de ses lèvres me transportanr bien plus loin que j'aurai pu l'imaginer.

Aujourd'hui, j'ai l'impression que rien ne pourra me faire recroiser le chemin de cet homme. Alors j'ai repris le train - train quotidien. Je me suis levée comme à mon habitude et j'ai été au bureau. Loin de cet article sur les conflits en Irak, je devais rendre pour demain, un évoquant la réouverture de l'hôpital de la ville. J'éteignais à cet instant la lumière du mon bureau. Je me levais et me rendit compte que j'étais encore la dernière à trainer. Je n'avais pas envie de rentrer, je ne voulais pas me retrouver chez moi. Alors je n'allais pas tourner en rond, je quittais l'immeuble prenant la direction de ce bar que j'aime fréquenter. L'ambiance y est chaleureuse. Le serveur est devenu mon ami et les bagarres se font rares. Arrêtant le premier taxi qui passe devant moi, je lui indique la direction et le remercie. La solitude ne me gênait pas. On s'habitue à tout comme on dit. Parfois, je dois avouer que être seule ne me gênait pas du tout. Puis je n'étais jamais complétement, ma conscience était toujours là, derrière ma tête. Rentrant, je sens quelques regards venir se poser sur moi. Je ne vais pas me jeter des roses mais je suis consciente que mon physique plait. Seulement, bien souvent quand on me parle, ce n'est que très rarement qu'on me regarde dans les yeux. Je prends cette place au coin du bar. D'ici je peux tout voir, tout observer si je commence à m'ennuyer. C'est une téquila frappé que je commande et une portion de fromage car je n'ai encore rien avalé de la journée. Je tournais alors mon regard dans le bar. Il y avait du monde ce soir. Couple, amis, solitaires, beaucoup de gens étaient venus décompressé dans ces lieux. Sourires et regards, chaque humain a le besoin d'échanger. C'est certainement pour cette raison que je reçois une autre téquila frappée par un bel étranger. C'était une première approche, je m'en doutais. Après tout, les hommes ont le même processus d'agir pour charmer une demoiselle. Je n'étais pas du genre à me laisser tenter par les histoires d'une nuit. Je ne peux pas dire n'y avoir jamais gouté car se serait mentir. On aime découvrir ce que l'on a jamais tenté. Donc oui, ça m'est déjà arrivé. Mais depuis quelques années, je m'étais résiliée à cette manière de combler le désir..

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« Tu es sûr que ça va Kay ? » passait son temps à me répéter ma frangine. Il est vrai que depuis les quelques jours que j’avais quitté l’Irak je paraissais sans nul doute constamment ailleurs, le regard vide, l’air maussade. Et pour cause. On me demandais subitement de tourner la page sur des années de missions dans ce pays, sur les vies perdus de ceux qui au fil du temps étaient devenus mes amis, mes frères. Mais aussi tourner la page sur tout ce qui avait put se produire là-bas. Certes pour garder leur fichu secret d’état mais également pour mon bien d’après eux. Seulement il m’était impossible de tirer un trait sur tout ce qui s’était produit, sur tout ce que j’avais vu et vécu. Les cauchemars que je faisais chaque nuit étaient là pour me le rappeler, même si parfois, j’avais la chance de revoir son visage. Oui, ce visage que même le temps n’arrivait pas à chasser de mon esprit. J’avais d’ailleurs toujours gardé au fond de moi, l’intime et stupide espoir de le revoir, de LA revoir en face de moi.

Ce soir en plus que de fêter mon arrivée à Naderra, nous arrosions une fois de plus les fiançailles de ma sœur. C’est elle qui m’avait entraîné jusqu’ici. De toute manière, elle était mon seul point d’attache dans ce monde alors il était évident que j’aurais bien fini par la rejoindre un jour ou l’autre. Je dois tout de même avouer que je suis assez dépaysé ici. En plus du décalage horaire, du changement de climat, ma vie était tellement différente de celle que j’avais il y à quelques jours encore.
Un verre de Gin tonique à la main, je le levais avant de ne le faire trinquer contre celui des autres. Autrement dit celui de ma sœur, de mon futur beau frère et d’une soit disante amie de ma cadette. Je savais très bien ce qu’elle essayait de faire en conviant cette fille à nous rejoindre. Je ne lui en voulais pas, et même la comprenais mais pour être honnête je n’avais vraiment pas la tête aux femmes. Il me fallait du temps, du recul.
Tout du moins c’est-ce que je pensais avant de ne voir entrer dans le bar celle que j’aurais put reconnaître parmi n’importe qui. Elle semblait aussi ailleurs que moi, son visage semblait toujours aussi tendre, elle était toujours aussi belle. En l’espace d’un instant je me retrouvais en Irak, à l’étroit dans cette grotte, en sa compagnie. En un instant je la revoyais à côté de cet avion…cet appareil l’ayant éloigné, enlevé à moi. Non elle n’avait jamais était à moi, comme elle n’avait jamais rien eu le temps d’être pour moi mais une chose était certaine. Cette femme avait été que le seul cadeau que j’avais put avoir durant ces dernières années. Les jours que nous avons put passer ensemble m’ont suffit à la trouver particulière. Elle n’est comme personne et je sens en moi comme une attirance irréductible envers elle. Comme si j’étais poussé en sa direction.

Je la vis commander quelque chose alors qu’elle venait de prendre place au coin du bar. De cette angle elle pouvait aisément dominer l’étendue de la pièce. Tandis que mon rythme cardiaque ne cessait de s’accélérer, je redescendit un instant les pieds sur terre. Certes je me souvenait très d’elle, de chaque traits de son visage, je pouvais même deviner d’ici son si délicat parfum mais qu’est-ce qui ma garantissais qu’elle se rappelais également de moi ? Rien. Rien si ce n’est, encore une fois, l’espoir.
Saisissant au passage l’attention du serveur, je lui demandais d’offrir de ma part un second verre de ce qu’avait commandé Shaylee mais sans lui indiquer ma propre personne. Les regards étonnés de ma table en ma direction, ne suffirent pas à me faire quitter le mien de sur la femme étant héroïne des peu de rêves que je faisais. Ignorant les questions de ma sœur, je me levais et me dirigeait en direction de la jeune journaliste…j’aurais aimé qu’elle ne me voit pas arriver, la surprendre comme je l’avais été il y à quelques secondes. Mais après tout, je l’avais moi-même souligné, peut être ne me reconnaissait-elle pas. Arrivé à son hauteur, je la scrutais de la hauteur de ma taille…cette fois, je pouvais réellement sentir son parfum. Elle portait le même. Ne sachant pas vraiment quelle attitude adopter ni même quoi dire, je laissais échapper doucement quelques mots de ma bouche. « Je suis ravie de voir que tu as suivie mon conseil. » En effet mes derniers mots pour elle avait été une espèce de recommandation. Je lui demandais simplement de prendre soin d’elle. Ce qu’elle semblait avoir fait puisqu’elle était aujourd’hui ici.

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Assise sur mon tabouret, je n'avais pas de projet pour ma soirée. Peut être que je faisais peine à voir. D'autres penseront que cet endroit n'est peut être pas adéquat pour une demoiselle comme moi. De plus, il m'était déjà arrivé de mauvaises expériences dans ce genre d'endroit. J'avais eu mon premier amour car il était venu me sauver de méchants monsieur qui ne voulaient certainement pas me laisser seule mais ils ne souhaitaient pas non plus que mon bonheur. Enfin de leur manière, ça pouvait paraitre bien mais d'un autre côté, c'était loin d'être appréciable. Il était venu ce garçon que je connaissais depuis quelques mois et il m'avait sauvé de ces vilaines pensées. Cependant, lorsque je pense à sauveur, le prénom de Kaiden ne cesse de me venir en tête. Je n'arriverai donc pas à l'oublier. Comment une personne avec qui on passe trois journées peut - elle s'imprégner en nous et surtout de cette façon. Je me rappelais chaque instant ainsi que chacun de ces traits. J'avais également un goût de non comblé, quand il m'avait salué. Ce touché, sa respiration si près de ma peau, je n'avais qu'une envie aujourd'hui, c'était de prolonger cet instant. J'aimerai lui dire ce que je ressens sans paraitre folle. Sans être prise pour une fille qui n'a plus côtoyer un homme depuis longtemps, en tout cas pas de cette manière. Mais qu'est ce qui me disait que j'allais le revoir, qu'est ce qui me faisait penser que j'avais la moindre chance.. Peut être qu'une famille l'attendait au pays, une femme avec qui vivre. Cette fusion qu'il y avait eu entre nous était étrange au point de me laisser penser que cet inconnu et moi pourrions nous retrouver et tout simplement s'apprécier. Mais la vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Avec l'arrivée de Matthew, je n'avais qu'une envie me cacher. Ce bar était sans aucun doute l'endroit où il ne viendrait pas me trouver. Avalant ma téquila d'une seule traite, j'essaie d'oublier, de faire le vide en moi même si ce n'est pas la meilleure façon d'arriver à surmonter certaines choses, c'est la seule que j'ai trouvé pour l'instant, pour la soirée. Parfois, je me trouvais ennuyeuse à mourir. Enfin, on va dire que c'est surement parce que je n'ai pas le moral ce soir que je me descends au plus bas. Autant tout assumer maintenant, demain est un autre jour. Je me lèverai, me laverai, mangerai et irai travailler. J'ai bien sûr une bande d'amis mais depuis mon retour d'Irak, j'ai cette impression d'avoir laissé une partie de moi là - bas. Et ce n'est pas les envies qui m'ont manqué d'y retourner. Prendre le premier avion et tout retrouver, en fait simplement lui. Quel pouvoir surnaturel avait - il pour m'obséder de cette façon ? Ça fait longtemps que j'ai laissé l'amour aux autres.. Pour moi, le bonheur me suffit amplement et la santé de mes proches.

Recevant ce verre, qui d'ailleurs, je ne savais pas qui remercier. Un inconnu, un mystérieux qui souhaite égailler en moi l'envie d'en savoir plus. Ce n'était pas le bon moment pour ça, pas le bon soir, pas la meilleure personne. Je n'allais pas passer le restant de ma soirée avec lui et encore moins la nuit. Les histoires n'apportent rien. Enfin, elles peuvent nous aider à prendre du bon temps et si j'aime avoir de l'affection par moment, j'évite quand même de me trouver un garçon, le soir où je suis en déprime total avec mon moral. Cependant, j'étais loin à m'attendre à ce timbre de voix. Je pensais même rêver. Pincez moi svp ! La téquila semblait alors déjà faire son affaire, seulement ce soir, elle devait être plus forte que les autres fois. Je connaissais cette voix, je connaissais cette façon de prononcer les mots. Tournant mon visage vers celui qui venait de prononcer ces quelques paroles, je croyais complétement rêver. « Je suis ravie de voir que tu as suivie mon conseil. » C'est comme si j'avais vu un mort vivant. L'expression n'était pas la meilleure. Mais très vite, je lui sourie. D'ailleurs, je sourie tellement que j'ai l'impression que mes lèvres vont se décoller de mon visage. J'essaie de me contenir pour ne pas me jeter dessus et de ne plus le quitter. Aujourd'hui, on n'a plus sept ans. En tant que personne adulte et responsable, je reste civilisée et réponds avec tout d'un coup les yeux brillants comme la déprime n'était qu'un vieux souvenir d'il y a tout juste deux minutes.. Kaiden rendait ma soirée plus appréciable, plus lumineuse. « Si ton conseil était de me saouler jusqu'à ce que je ne sache plus marcher, c'est bien ce que je comptais faire. Je ne savais pas que vivais près d'ici. Tu es rentré depuis longtemps ? » Je me contenais même si au fond de moi, un feu d'artifice éclatait. Je n'étais pas le genre de femme qui montre réellement ses sentiments et même présents, je prends mon temps. La dernière fois que j'ai confié mon coeur à un homme, il a terminé éclaté en mille et un morceau. Depuis je me méfie. Je sourie et j'essaye de ne pas m'attacher. Cependant Kaiden semble être un de mes vices, il semble avoir ce pouvoir de me faire perdre le contrôle. Il est mon sauver.

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Alors que je venais de signaler ma présence en prononçant ces quelques mots, Shaylee releva la tête vers moi et je pus aisément voir son visage comme se figer. Une fois ce que fut sans nul doute l’effet de surprise passé, elle afficha un sourire des plus radieux. L’air de son visage devint si différent de quand elle était entré dans l’établissement. J’étais persuadé que c’était aussi le cas pour moi. Je lui rendis son sourire. L’un de ces très rares sourire emplis de sincérité que je n’avais pas eu l’occasion d’afficher depuis trop longtemps.
Sans prendre la peine de demander une quelconque permission, je prit place aux côtés de la jeune femme. Mes yeux ne parvenaient pas à décrocher des siens. J’avais à la fois l’impression de ne pas l’avoir vu depuis une éternité mais en même temps, il me semblais ne jamais l’avoir quitté. Il m’étais impossible de définir ce que je pouvais ressentir à son égard. Je ne me l’expliquais pas moi-même. Je n’avais qu’une envie à cet instant, la serrer contre moi. Comme pour être bien certain qu’elle se trouve bel et bien ici, près de moi. Mais je me contenais. Après tout, ça ne se faisait pas. Seuls trois jours reclus de toute civilisation nous reliaient. Aux yeux de beaucoup cela n’est sans doute significatif de rien mais aux miens, c’est énorme.
« Si ton conseil était de me saouler jusqu'à ce que je ne sache plus marcher, c'est bien ce que je comptais faire. Je ne savais pas que tu vivais près d'ici. Tu es rentré depuis longtemps ? » Après ses dires, je venais de réaliser qu’elle se trouvait seule ce soir. Comment une aussi séduisante jeune femme et qui plus est si sympathique, pouvait passer une soirée seule dans un bar ? Son intention était donc de boire, jusqu’à en être ivre. Ce fait était certainement le signe d’un certain mal être en ce moment, où un petit souci lui étant récemment tombé dessus. J’étais désolé de voir que physiquement certes elle allait bien, mais à l’intérieur, elle semblait blessé. « Je ne suis pas d’ici. Ma sœur va se marier avec un garçon de cette ville, je suis venu à ses côté et ce seulement depuis quelques jours. J‘étais vraiment loin d‘imaginer de retrouver là. » La voir passer une telle soirée, à noyer je ne sais quoi dans l’alcool, me faisait mal. Oui, je venais à peine de la retrouver et déjà, j’éprouvais l’envie de lui être utile. L’envie de faire quelque chose pour qu’elle se sente bien. Lui avoir sauvé la vie ne me suffit pas. Je veux faire plus, je veux être plus que cet homme en Irak. « Sans être trop indiscret j’espère, que t’arrive t-il ? » J’avais en effet peur d’être trop indiscret. Nous avions autrefois parlé un temps soit peu de nos vies communes mais à vrai dire, nous avons surtout chacun abordé nos meilleurs souvenirs. Un peu pour lier mes pensées ainsi que ma question à mes gestes, je déposais doucement une main sur la sienne, posé sur le comptoir. Il ne m’en fallut d’avantage pour frémir. Je n’avais aucun idée de la manière dont elle régirait face à ce geste et ce qu’elle en penserait mais je m’en fichais. Il s’était peut être fait par instinct, tout seul, mais j’en mourrais tout de même d’envie.

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Juste là à quelques centimètres de moi, je le sentais. Qui aurait cru un jour que nos chemins pourraient se recroiser ? Le monde est tellement grand que sa soeur aurait pu épouser n'importe quel homme dans n'importe quelle ville. Pourquoi ici ? Pourquoi près de moi ? Enfin je n'allais pas m'en plaindre. Le retrouver me comblait de bonheur, me faisant même oublier le moindre de mes tracas. Pourtant, on ne pouvait pas dire que ces derniers mois furent au top du bonheur. Militaire est une profession dure à assumer. Il faut avoir le dos solide et les nerfs accrochés car c'est tous les jours qu'on peut voir des choses horribles. D'ailleurs, on pouvait se demander comment un humain pouvait avoir autant de force qu'un défendeur de la nation. Déjà super heureuse de pouvoir le voir sain et sans blessure. Il semblait en tout cas en bonne santé et ça faisait plaisir à voir. Alors je me contenais pour ne pas lui sauter au coup, lui dire qu'il m'avait manqué et qu'il avait hanté mes pensées.. Je ne pense pas que se soit la manière adéquate pour lui souhaiter un bon retour à la civilisation. Je me demandais si les militaires étaient totalement intouchables. Fort et courageux, jusqu'au bout. Est ce qu'il leur arrivait de perdre pied ou encore de pleurer lorsque le soleil c'était couché ? Ne voulant pas toute suite le mettre mal à l'aise, elle garderait toutes ces questions si un jour, elle s'avérait encore plus proche qu'elle l'était ou qu'elle pouvait même l'imaginer. Lui souriant comme il fallait, elle se rendit compte que les propos qu'elle avait tenu ne s'accordait pas avec l'émotion qui suivait les traits de son visage. Elle se disait peut être même avoir parlé plus vite que ces pensées. Car après tout cette soirée semblait être plus appréciable qu'elle n'aurait osé l'imaginer. Prenant place à mes côtés, je me sentais rassurée. Il n'était pas seulement venu me saluer. « Je ne suis pas d’ici. Ma sœur va se marier avec un garçon de cette ville, je suis venu à ses côté et ce seulement depuis quelques jours. J‘étais vraiment loin d‘imaginer de retrouver là. » D'ailleurs, je n'avais aucune idée d'où il pouvait être. Même si pendant trois jours nous avions vécu en tête à tête, cette question ne m'était jamais venue à l'esprit.« Tu lui diras toutes mes félicitations alors. Ce n'est pas tous les jours qu'on décide de se glisser la bague au doigt. J'étais loin aussi de m'imaginer te retrouver ce soir et dans ce bar. Je m'aurais fait plus présentable que comme ça, direct en tenue du boulot. »

Nos regards se croisaient et nos sourires se ressemblaient. Je voulais que cette soirée soit éternelle. Je ne voulais plus qu'il parte, même si on devait passer la nuit dans une grotte plus rien ne me dérangeait. Je pouvais encore passer toutes les nuits qu'il fallait tant qu'il était là, j'étais comblée, satisfaite. « Sans être trop indiscret j’espère, que t’arrive t-il ? » Posant sa main sur la mienne, un frisson parcoure tout mon corps. Je ne sens plus mes pieds, c'est carrément incroyable l'effet qu'il a sur moi. Si je devais écouter la partie de moi réservée et peureuse, je me serais enfuie. Je serais même partie sans attendre. Cet homme pouvait éveiller en moi des sentiments enfuis et si loin que je ne voulais pas les revoir aussitôt. Kaiden est surement quelqu'un de bien mais Matthew l'était aussi. Puis quand on voit le vrai visage d'une personne, tout peut basculer, tout peut s'effondrer et je ne suis pas assez forte pour supporter un second effondrement. Je n'aurais plus la force encore de tout reconstruire alors je me préserve, je garde mes distances. Même si au fond de moi, une autre partie n'a pas envie d'attendre, n'a pas envie de le quitter ou de le voir à nouveau s'éloigner. Comme dans ce village à des milliers de kilomètres d'ici, ce dernier touché, son dernier regard, la dernière fois n'en était pas réellement une mais qui étais - je pour le savoir à l'avance.. « Surement la fatigue et le travail que je supporte depuis cette semaine. J'ai cet article à rédiger qui me passionne beaucoup moins que le dernier, la nuit j'ai du mal à fermer les yeux. Donc la fatigue emporte une partie de ma bonne humeur. Mais je pense que ça va vite se régler. » Ce touché, cette main contre la mienne, je voulais qu'elle reste. Je ne voulais pas qu'il parte, je voulais qu'il reste simplement là à mes côtés.. pour une seconde soirée qui pourrait durer une éternité. « Ta soeur doit se demander quelle femme peut enlever son frère juste quelques jours avant son mariage. Tu restes combien de temps ici ? »

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Il m’était encore difficile de concevoir que Shaylee, se trouvait à ce moment même juste à côté de moi. Combien de fois avais-je osé espéré la revoir un jour, combien de fois en avais-je rêvé sans réellement y croire ? Il m’étais impossible de le dire. C’est incroyable parfois ce que le monde peut sembler infiniment petit. Jamais l’idée de la revoir en venant ici m’avait effleurer l’esprit. « Tu lui diras toutes mes félicitations alors. Ce n'est pas tous les jours qu'on décide de se glisser la bague au doigt. J'étais loin aussi de m'imaginer te retrouver ce soir et dans ce bar. Je m'aurais fait plus présentable que comme ça, direct en tenue du boulot. » Elle avait raison sur le fait que ce n’est pas tous les jours qu’on est sur le point de se marier. Lorsque ma sœur m’a appris la nouvelle, certes j’étais content pour elle mais surtout très surpris. Elle qui avait toujours eu la bougeotte. La preuve en était, étant originaire de San Francisco, elle avait atterri ici, à Naderra. Toujours est-il que je ne la remercierais jamais assez d’avoir choisi ce coin de paradis pour venir s’installer. Ce qui est assez ironique en soi c’est que j’aurais dut être le premier à faire le grand saut, à passer cette étape. Mais je ne regrettais rien, si ce n’est d’avoir un autre membre de notre famille au près de nous pour pouvoir être aussi fier d’elle que je pouvais l’être.
Plus présentable qu’elle ne l’était déjà ? Je sourie à cette remarque. « Je n’y manquerai pas. Il est certain que ce genre de chose n’arrive pas tous les jours mais toujours est-il qu’elle semble plus heureuse que jamais. Moi aussi Shaylee, j’étais loin de penser te retrouver là. D’ailleurs, tu vis ici ou…tu te trouve à Naderra pour quelque chose de particulier ? » Mon regard accroché au sien, j’aurais put rester ainsi, ma main encore sur la sienne, des heures durant. Sans doute même une éternité. Je m’encrais de chacun des traits de son visage, de ses expressions. Ma main fini par abandonner la sienne avant de ne venir frôler son si beau visage et de ne se poser sur l’une de ses joues, caressant à peine cette dernière au passage. « Tu es magnifique. Même dans les conditions dans lesquelles nous nous sommes connus tu l’étais. » Je ne sais pas ce qui était en train de se produire entre nous, en moi. J’avais cette étrange impression de recevoir de petite décharges électriques à l’intérieur de mon corps. Sa peau était si douce que j’aurais aimé la parcourir sans ne m’arrêter un seul instant. Je retira pourtant ma main. Je ne souhaitais pas qu’elle pense que j’aille trop loin, trop vite. Que je sois ce genre de garçon à prendre ses aises rapidement. Mais ce qu’il y avait entre nous était si particulier. J’étais pourtant presque certain qu’elle ressentait les mêmes choses que moi et que de ce fait, elle comprenait. Oui, presque.

La jeune femme expliqua son « malaise » en cette soirée par la fatigue. Cette fatigue étant causée par son travail, travail qui lui prenait la majeur partie de son temps, de sa vie. Elle semblait lui être aussi dévoué que moi au mien. Non, il n’y pas tant de différence que cela entre eux. Elle aussi dors mal la nuit perturbée par ce dernier, elle aussi ne semble pas compter les heures. « Je l’espère pour toi. En tout cas, maintenant que tu me sais ici, n’hésites pas à m’appeler lorsque tu ne trouves pas le sommeil si tu en as envie bien entendu. Moi-même je suis un peu insomniaque sur les bords. » Je saisi alors une serviette en papier sur le comptoir et écrivis le numéro de ce portable, très récemment acquis, à l’aide du stylo du barman qui eu l’amabilité de m’en prêter un. Je crois que c’est un peu surfait ce genre de façon de faire mais, je n’en avais rien à faire. Je lui donnais ça mais je ne voulais déjà pas la quitter un seul instant.
« Ta sœur doit se demander quelle femme peut enlever son frère juste quelques jours avant son mariage. Tu restes combien de temps ici ? » Ce fut plus fort que moi, je laissais échapper un rire, en un souffle. Retrouvant les yeux de la jeune femme, je lui sourie d’autant plus avant de ne lui répondre. « Une femme qui compte autant qu’elle je suppose. Ne t’en faits pas. C’est une bonne question. Jusqu’à ma prochaine mission je suppose. Après tout les seules choses susceptibles de me retenir se trouvent ici. »

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