kaera jocelynn pierce-johanson

“ La passion est un ouragan, quelque chose de sublime qui précipite le désastre. C'est une histoire qui se termine toujours mal. ”

Je suis né(e) le 19 avril 1986 à Naderra, j'ai donc vingt-cinq ans. Je suis en plein divorce et fort heureusement, mais si vous voulez tout savoir je suis bisexuelle et j'en suis fière. Ma famille est de niveau aisée, malheureusement c'est pas moi qui ai choisi cette vie. J'ai deux grands frères et une petite soeur pour me pourrir ma vie encore plus à longueur de journée, mais je les aime quand même. Depuis maintenant six ans, je suis écrivain, des fois je me demande pourquoi j'ai choisis ça mais bon j'en ai bien besoin si je veux manger. Je fais partie des can't live without you, et je sais pas pourquoi mais les gens dans la rue me confondent souvent avec minka kelly.

TUMBLR

« J'ai lu votre roman, mademoiselle Johanson. » « ... » « Votre premier essai, si je ne m'abuse. J'ai lu votre dossier également. Dix-neuf ans, c'est ça ? C'est très jeune pour se lancer dans ce monde-ci. » À l'autre bout du fil, je me mordis la lèvre inférieure. Un potentiel éditeur m'avait appelée et j'étais tendue. J'aimais l'écriture, j'avais toujours aimé ça. J'avais fini par écrire un roman. Quelque chose de modeste, environ trois cent pages. Et sur un coup de folie, je m'étais décidée à l'envoyer à quatre ou cinq éditions. C'était quelques semaines auparavant. Et aujourd'hui, on m'avait enfin appelée pour m'en parler. Je tremblais comme une feuille. Ma voix se voulait posée, mais on pouvait très bien y lire que j'étais stressée. J'avais peur, peur de ce qu'il pourrait bien me dire. À vrai dire, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J’espérais vraiment qu'ils acceptent de me publier. Même si j'étais persuadée ne pas en avoir les capacités. Après tout - comme il l'avait si bien dit - j'étais encore très jeune. « S'il vous plait, allez droit au but. » J'entendis la voix masculine rire. Il avait une belle voix, une voix d'homme. Son rire me rendit nerveuse, plus que je ne l'étais déjà. Pourquoi riait-il ? Avais-je dit quelque chose de ridicule, d'absurde ? Avait-il sentit que j'étais nerveuse ? Sûrement. J'aveau beau faire tous les efforts du monde, on pouvait sentir l'état dans lequel je me trouvais rien qu'en m'entendant parler. « Détendez-vous. » Et il se tut un instant, il soupira. J'étais cuite. Il allait m'annoncer que ce que j'avais écrit était impubliable, que jamais il n'avait lu quelque chose d'aussi minable. Que jamais je ne deviendrais un grand auteur, comme j'en rêvais. « Vous êtes libre samedi midi ? Que diriez-vous d'aller manger un morceau ? » « Je vous demande pardon ?! » Et maintenant, il me draguait ? Ce n'étais vraiment pas professionnel, dans quel maison d'édition étais-je encore tombée ? Bon d'accord, il avait une voix on-ne-peut-plus sexy. Mais il devait avoir quelques années de plus que moi. Et puis non je ne pouvais pas, c'était un potentiel éditeur et je... « Un restaurant. Afin que nous puissions parler de votre essai. Vous savez, c'est vraiment excellent pour quelqu'un de votre âge. » Cette fois, ce fut moi qui rit. Nerveusement. « C'est entendu. À quelle heure ? » Il m'indiqua le lieu et l'heure de rendez-vous, puis il m'adressa quelques mots avant de raccrocher : « Avouez-le : je vous ai bien eu. » Ca oui, il m'avait eu. L'espace d'un instant, j'ai cru qu'ils refusaient mon script. Lorsque je posais le téléphone sur le combiné, je poussais un soupir. Ouf, c'était fait. J'allais rencontrer cet homme, il allait me dire ce qui n'allait pas, j'allais modifier mon texte et la maison d'édition le publierais. Mon rêve était sur le point de devenir réalité, alors que j'avais seulement dix-neuf ans.

« Nathanaël Pierce. » « Kaera Johanson. Enchantée. » Le samedi suivant, j'étais sur le lieu de rendez-vous, face à mon éditeur. C'était un restaurant réservé à la haute société. Et lorsque j'avais fait une remarque à Nathanaël sur le lieu, il m'avait simplement répondu que c'était la maison d'édition qui payait et que donc, il s'en fichait. Il était comme ça, il ne prenait jamais rien au sérieux. Sauf son boulot, là-dessus il était intransigeant. J'admirais ce côté chez lui. Il pouvait être déconneur un instant, puis sérieux le suivant. On a passé de nombreuses heures ensemble, à parler de mon livre, à essayer de changer ce qui n'allait pas. Il était franc. Si quelque chose n'allait pas, il me le disait directement. Au début, c'était un peu dur. Ce n'était pas toujours agréable de subir ce genre de remarque. Et puis, je m'y habituais et bientôt, rien de ce qu'il me disait n'était plus douloureux. « Alors, qu'en avez-vous pensé ? » « C'est bien. Mieux qu'avant. On voit à quel point tu as progressé en quelques mois. » Nathanaël me tutoyait, depuis pas mal de temps maintenant. Il n'était plus un simple éditeur. Nous nous entendions plutôt bien et je pense qu'on peut dire que nous étions amis. Oui c'est cela. Amis.
Ma main frôla la sienne, je levais les yeux et croisais son regard. Je me sentis rougir. Il faisait chaud tout à coup, vraiment très chaud. Bon d'accord. J'aimais beaucoup Nathanaël. Mais il était mon éditeur, c'était impossible. Et même si ça l'était, je n'étais qu'une gamine à ses yeux. Alors lui et moi, vous oubliez. « Excusez-moi, je... » « Je pense qu'on peut se lancer dans la publication de ton roman. » Ca, ça m'énervait. Il n'était jamais troublé, jamais. C'en était presque vexant. J'avais l'impression de ne pas lui faire le même effet que lui-même me faisait. C'était sans doute vrai. Je n'avais que dix-neuf ans, bientôt vingt. J'étais bien trop jeune pour un homme comme lui. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'espérer, malgré tout.

Le lundi soir. Mon seul moment de répit, celui durant lequel je m'enferme chez moi, le jour où personne ne vient me déranger. Je n'ai même pas besoin de débrancher le téléphone : tout le monde sait que ce jour-là est sacré. Ils savent qu'ils ont plutôt intérêt à ne pas me déranger ce soir-là. Mes parents prévoyaient toujours de sortir les lundis, afin de me laisser tranquille.
Pourtant, ce lundi-là, mon téléphone sonna, interrompant mon film. Un long soupir s'échappa de mes lèvres et j'hésitais un instant : répondre ? Ne pas répondre ? Mais la sonnerie continuait et commençait à m'agacer, si bien que je quittai - à contre coeur - mon canapé pour aller répondre. « J'ai bien cru que tu ne répondrais jamais ! » « Nous sommes lundi, Nathanaël. » « Je sais, je sais. C'est possible que je monte chez toi ? Je suis en bas. » Et que faisait-il là? Je soupirais. « Ca ne peut pas attendre demain ? » « Non, c'est une excellente nouvelle ! » Nouveau soupir, grognements. « Bon... montes, annonces-moi cette bonne nouvelle et repars d'où tu viens histoire que je puisse me remettre à mon film. » Quelques minutes plus tard, il sonnait à ma porte. J'étais en survêt, je m'en fichais. Il entra, on s'installa au salon. Il me fit une remarque sur le film que j'étais en train de regarder - oui, oui, j'étais tout de même une fille et j'adorais Titanic, qui me faisait toujours autant pleurer. Je me retournais vers Nathanaël, et lui adressai un demi-sourire : « Alors ? » Il leva les yeux au ciel : « Tu es donc toujours aussi pressée ? Bref. Prépares tes valises, nous partons à Las Vegas. Jeudi. » J'arquais un sourcil. Qu'est-ce qu'il me racontait là ? À Las Vegas ? Pourquoi irais-je là-bas ? « Et en quel honneur ? » « Ton livre. On s'est arrangés avec une grande librairie, ça te fera un peu de pub. » Un sourire vint se planter sur mes lèvres malgré moi et je me levai pour aller chercher des bières dans le frigo. Ce lundi-là, je ne le passais pas seul. Nathanaël resta avait moi jusqu'à ce qu'on entende mes parents tourner la clé dans la serrure. Nous avons passé toute la soirée ensemble - non, nous n'avons rien fait, je vous vois venir - à parler, de tout et de rien. Et j'avais espéré que cet instant ne se termine jamais.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, j'arrivais à Las Vegas. Direction l'hôtel pour dormir quelques heures, le lendemain visite de la ville et en fin de journée, la librairie. Cette dernière étape se passa sans encombre, malgré le stress que je ressentais. Nathanaël m'observait de loin, me soutenait de loin. Je souriais aux gens, je parlais avec eux. Ils ne me connaissaient pas. Ils me trouvaient jeune. Ils avaient envie d'acheter mon livre. Un franc succès, selon mon éditeur. C'est ce qu'il déclara le soir, lorsque nous étions retourné à l'hôtel. Je m'étais affalée sur mon lit, il s'était installé sur un canapé à quelques mètres de moi. On logeait dans une énorme suite. Bon, dans deux suites. Nous ne dormions pas ensemble, forcément. J'étais écrivain, il était éditeur. Notre relation était strictement professionnelle, rien d'autre. Les gens trouvaient ça suffisamment louche que nous nous tutoyions. Combien de fois avais-je entendu quelqu'un me demander si Nathanaël baisait bien ? Je ne les comptais même plus.
Un bruit attira mon attention, je me relevai sur le lit et regardai l'homme en face de moi, une bouteille de champagne à la main : « D'où tu sors cette bouteille ? » « Arrête avec ces questions veux-tu ? On va fêter ta réussite ce soir ! » Une réussite, ça ? Décidément, Nathanaël était bizarre. Trop bizarre pour que je le comprenne en tout cas. Il me servit un verre, puis se servit lui-même. Nous avons bu un verre. Puis deux. Puis trois. Et puis, il s'empara du téléphone et appela la réception. « La chambre n°7043 aimerait que vous leur serviez vos meilleurs cocktails. Mettez ça sur le compte de la 7044. » Lorsqu'il raccrocha, je lui jetais un regard noir. Moi qui adorait boire, j'étais servie. Il se contenta d'hausser les épaules, me rétorquant que nous étions à Las Vegas et que nous pouvions au moins nous amuser ce soir. Je reprendrais mon sérieux le lendemain, disait-il. Mouais, il disait ça parce que c'était son truc la fête... Pas le mien. Quelques minutes plus tard, un homme entra dans la pièce, poussant un chariot sur lequel trônaient des dizaines de verres, contenant des mixtures multicolores. Ils veulent nous tuer ? Jamais je ne boirais autant. Nathanaël remercia l'homme et lorsque ce dernier fut parti, il se retourna vers moi - qui observait les verres, émerveillée, malgré moi. « Bienvenue à Vegas, Kaera ! Bon, par quoi on commence ? » Je choisi un verre, il en fit de même. Et nous avons commencé à le boire, tout en parlant de tout et de rien. Demain nous rentrions déjà. Un jour à Las Vegas, ce n'était pas assez. J'aurais aimé voir les casinos. Mais il était tard et j'étais fatiguée. Tant pis, je reviendrais.
Je sortis de mes pensées, je reportais mon attention sur Nathanaël, qui me fixait intensément - si bien que je commençai à rougir. Je voyais son visage se rapprocher. Sûrement l'effet de l'alcool, pensais-je. Ce verre est mon dernier. Non, ce n'était pas une illusion provoquée par le taux d'alcoolémie que contenait mon sang. Nathanaël était de plus en plus proche de moi. Nos lèvres se rencontrèrent et la passion l'emporta sur la raison. Je répondis à son baiser, incapable de le repousser. Je me couchais sur le canapé, je l'attirais contre moi, sans cesser de l'embrasser. Ce soir-là, mon éditeur et moi fîmes l'amour. Et croyez-moi, pas qu'une seule fois. Mais ce n'était pas tout. Lorsque je me réveillais le lendemain, une autre surprise m'attendait. « Dis-moi que je rêve ! » Une bague trônait sur mon annuaire. Une bague de pacotilles certes, mais une bague quand même. « Que... qu'est-ce qu'il s'est passé ? » J'étais nue, dans la suite de Nathanaël - comment je m'étais retrouvée là, d'ailleurs ? Aux dernières nouvelles, on était dans la mienne - dans son lit. Étalé à côté de moi, il s'alluma une cigarette, me regardant d'un œil amusé. « Tu n'as quand même pas oublié ? » « Je me souviens de tous les verres qu'on a ingurgité, ça oui. Mais après, le blanc total... » Pas tout à fait vrai. J'avais quelques bribes de souvenir dans mon esprit, mais je refusais de me l'avouer. Moi et Nathanaël ? Non non non, je refusais d'y croire. Nathanaël approcha son visage du mien et me regarda droit dans les yeux, avec cette petite lueur d'amusement. « Nous avons fait l'amour, puis nous sommes sortis, nous avons fait la fête et avons fini dans ce genre de petites chapelles tu sais, où l'on peut se marier en quinze minutes chrono. C'est ce qu'on a fait d'ailleurs. » Il me montra son annuaire en guise de preuve. « Puis nous avons pris le taxi pour rentrer et nous avons à nouveau fait l'amour. Impossible de te dire combien de fois par contre, j'ai arrêté de compter. » J'avalai difficilement ma salive. Qu'avais-je donc fait ? Ca ne me ressemblait pas.. Pas du tout, même. Mais j'aimais Nath. Je le savais. Il était drôle, gentil, séduisant, ... Il avait tout pour plaire, même s'il était parfois arrogant. Je l'aimais. « En tout cas, si je peux me permettre... Tu es presque aussi douée au lit qu'avec une plume à la main. » Je levais les yeux au ciel. « La ferme... » Je lui pris sa cigarette de la bouche et j'avançais mes lèvres vers les siennes pour l'embrasser. Oui, j'en était amoureuse. À ce moment-là, j'étais heureuse. Plus que n'importe qui sur terre.

« Quelle imagination débordante, ma chérie ! Ce n'est pas pour rien que tu as décidé de devenir écrivain... » Je me retins de soupirer. J'étais de retour à la maison et j'avais dit à ma mère que je m'étais mariée. Ce qu'elle n'avait pas cru, bien entendu. Les mariages à Las Vegas ? Un pêché mortel pour mes parents, qui voulaient se donner l'image d'être un couple parfait. Après une trentaine d'année ensemble, ils ne semblaient pas encore s'être rendus compte qu'entre eux, rien n'allait. Ils passaient leur temps à s'engueuler, et faisaient comme si de rien n'était une fois qu'ils étaient en public. L’apparence, quelque chose de bien trop important à leurs yeux. Alors une fille qui s'était mariée en quinze minutes à Las Vegas, mieux valait étouffer l'affaire. « Maman, arrête de faire comme si de rien n'était ! J'étais complètement ivre et je me suis mariée avec ce type ! » Je me retins bien de lui passer l'épisode baise qui avait précédé et suivit le mariage. Elle ferait une crise cardiaque. Cependant, la déclaration commençait à lui faire de l'effet. Elle écarquilla les yeux, comme si elle commençait enfin à comprendre ce que j'essayais de lui dire. « Tu as l'intention de divorcer, n'est-ce pas ? » Bah voyons... Je baissais les yeux sur le sol. « Je ne sais pas... »

« Faut croire qu'elles avaient raison. » « Qui ? » « Les commères de ta maison d'édition, persuadées que l'on couche ensemble. » Il éclata de rire. « Et tu crois qu'elles feront quelle tête en apprenant qu'on est carrément mariés ? » « Mon instinct me dicte de rester loin d'elle. Je suis sûre qu'il y en a une ou deux qui flashe sur toi ! » Plusieurs semaines étaient passées depuis Vegas, depuis le mariage. Nous n'avions pas divorcé. Nous avions décidé de rester ensemble. Et j'avais emménagé chez lui, loin du domicile familial - avec ma mère qui ne cessait de me faire des remarques désagréables sur ce mariage. Ma vie se résumait à trois choses : l'écriture, Nathanaël et les quelques amis que j'avais. Rien d'autre. Et puis, je tombais enceinte une fois. Ca se termina par une fausse couche. Un traumatisme, je crois que je ne m'en suis pas encore remise. Ce n'est pas facile vous savez. Bref, je ne reviendrais pas dessus. Je n'aime pas m'étaler sur le sujet...

« J'en ai marre, Nath ! Plus que marre ! » « Alors tires-toi, depuis le temps que j'attends ça ! » Je ne sais plus quand est-ce que cette période de bonheur s'est terminée. Je crois qu'il m'en voulait d'avoir perdu le bébé et que c'est pour ça qu'il est soudainement devenu si détestable. Notre quotidien était désormais rythmé au gré de nos disputes. Et je détestais cette situation, j'en avais marre. Alors, je m'étais rendue chez un avocat, et j'avais entramé la procédure de divorce. Afin d'y mettre un terme le plus rapidement possible. Ca l'avait mis dans une colère noire lorsqu'il avait reçu le dossier. Je crois que jamais je ne l'avais vu dans un état pareil.
Moi, j'avais changé. Ces disputes, cette histoire de divorce... Tout ça m'avait métamorphosée. Moi qui avait toujours été raisonnable, je tombais peu à peu dans l'alcool et dans le sexe. Je commençais également à moins manger, maigrissant de plus en plus. Souvent le soir, je ramenais des hommes à la maison - nous faisons chambre à part. Et le lendemain, nous nous disputions. Encore et toujours. « Tu es chez moi, Kay ! Ces mecs n'ont rien à faire dans mon lit ! » « Ah, parce que tu m'as demandé la permission toi, lorsque tu as ramenée cette sal*pe à la maison ? » Ah oui, une autre raison à notre divorce : son infidélité. Bon, il ne m'a trompée qu'une fois. Mais c'était déjà énorme pour moi, qui accorde difficilement ma confiance.
Nous nous criions dessus, son visage à quelques centimètres du mien. Il m'embrassa passionnément, je me laissais faire. Je m'abandonnais à lui, comme toujours. J'étais toujours amoureuse de Nathanaël, j'étais toujours incapable de le repousser. Même si cette relation me détruisait de plus en plus. Le divorce, la solution ? Je n'en étais pas si sûre. Parfois, je doutais.