« Eddy’ tu es prête ? » La petite blonde ne mis que quelques secondes à affirmer qu’elle arrivait sur le champ. Inutile pour moi de poser la question à Lilde qui de toute manière, ne prendrai certainement pas la peine de me répondre. De toute façon, Lilde ne vient pas avec nous, elle préfère largement passer son après-midi avec des amis. Amis censés venir la rejoindre à la maison mais j’étais intimement persuadé que personne ne viendrait. Malgré tous les efforts que je peux bien m’efforcer à faire, rien n’y fait. Elle ne veut pas bouger, se changer les idées, voir du monde, et encore moins partager un moment avec moi. Ça me fait mal mais je me dis qu’elle souffre bien d’avantage et que dans le fond, elle n’est pas responsable de ce mal qu’elle m’inflige.
Eddalys me passa sous le nez et sortie de la maison, un sourire aux lèvres. Cette après-midi, nous allions rejoindre Octavia et sa fille de deux ans, Castiella, au bar près de la plage. Octavia était une a mie de Lucie, ma sœur. C’est à ses funérailles que je l’ai croisé pour la première fois et puis après être tombé plusieurs fois sur elle, elle m’a raconté son amitié avec Lucie. Et puis j’ai bien put me rendre compte comme les filles l’apprécie ainsi que Castiella qu’elles adorent chouchouter. Cela peut sans doute paraitre un peu idiot mais quand je suis avec Octavia je me sens bien. Je me sens soutenue et surtout, j’ai l’impression que Lucie est un peu avec nous…après tout, c’était son amie. D’ailleurs cela ne m’étonnes pas. Quoi qu’il en soit, Octavia à beau être plus jeune que moi, elle m’est d’un grand secours. Être maman ça ne s’improvise pas et je peux toujours compter sur elle quand je doute…

Quelques minutes de marches nous on suffit pour atteindre le bar ou nous nous installons sans attendre. Nous avons toutes deux opté pour la terrasse. Ce que j’apprécie vraiment à Naderra c’est ce beau temps constant. Mais le fait d’être à proximité de la mer est une très bonne chose puisque cette dernière amène du vent frais. Sauf erreur de ma part, Octavia n’est pas encore arrivé mais elle ne devrait pas tarder.

Cela faisait à peine quelques minutes que nous étions arrivés lorsqu’une petite voix que nous connaissions parfaitement interpela Eddalys qui ne perdit pas un instant pour attraper la petite Castiella dans ses bras. Eddalys aime énormément cette petite fille et je pense que le fait qu’elle puisse la chouchouter et la câliner à loisir lui fait du bien. Octavia quant à elle me rejoignit et me fit la bise, comme d’habitude. « Alors comment tu vas aujourd'hui ? Je vois que Lilde n'est pas là... » Affichant dès lors une discrète petite moue, elle déposa une main sur mon épaule, en guise de soutient. Elle connaissait parfaitement la situation avec Lilde et savait que ce n’était pas tous les jours facile pour moi, pour nous. Après avoir abandonné la poussette près de la table, mon amie pris place face à moi. Les filles quant à elle était déjà les pieds dans le sable, juste à la limite de la terrasse. On pouvait ainsi toujours avoir un œil sur elles. « Ca va et toi ? Non, tu penses bien, elle n’a pas voulue venir. Même en appuyant sur le fait que c’était avec vous, rien à faire. »
Quittant le regard d’Octavia pour un instant, je l’abandonnais sur les filles qui semblaient si bien. Castiella était si mignonne. Je n’avais pas su être assez présente pour mes nièces mais aussi pour Lucie. Je ne les avais pas vues grandir, évoluer, changer et de ce fait je n’ai jamais été aussi proche que je l’aurais voulu d’elles. Je repensais à Lucie qui me répétait sans cesse à quel point être maman était magnifique. Elle qui aurait tant voulu que je finisse par adopter un mode de vie relativement similaire au sien. N’en ayant que faire des enfants, j’avouais ouvertement vouloir profiter pleinement de la vie sans aucune contrainte. L’ironie du sort aura voulu que je me retrouve maman, du jour au lendemain, de deux jeunes filles en pleine adolescence. Au final je ne sais pas ce qui est le plus difficile. Devoir s’occuper quasiment sans cesse d’un nourrisson ou bien devoir gérer les crises émotionnelles d’un adolescent ? Après tout, le destin m’avait peut être joué ce tour pour que je murisse enfin, pour que je me pose et commence à bâtir mes propres marques, à fonder ma propre petite famille.
Revenant au présent et affichant un sourire sur mes lèvres je me retournais vers Octavia. « J’ai l’impression que ta petite puce à encore grandie. C’est dingue à l’allure que ça va. » J’admirais Octavia pour tout ce qu’elle avait fait, et faisait toujours, pour sa fille. Il n’est pas évident pour une jeune femme, surtout aussi jeune, d’élever seule un enfant et elle, réussissait avec brio.

Quand je voyais l'entente parfaite qui régnait entre Eddalys et ma fille, j'avais l'impression d'une certaine manière de nous revoir Lucie et moi. Elle avait fait beaucoup de choses pour moi et j'avais la sensation de ne pas l'avoir suffisamment remerciée. Malheureusement, il était trop tard pour réitérer mes remerciements. J'avais conscience que la situation était difficile pour Célia. Du jour au lendemain, elle avait du endosser le rôle de mère. Cela ne s'apprend pas, il n'y a pas de modèle à suivre mais j'essayais de l'aider de mon mieux comme sa sœur l'avait fait pour moi. Habituellement, Lilde était une enfant plutôt facile et rayonnante. Cependant, depuis la mort de sa mère, elle avait beaucoup changé et je croyais avoir décelé qu'elle jugeait Célia responsable de la perte de ses parents. C'était totalement ridicule puisqu'elle n'y pouvait absolument rien. « Ca va et toi ? Non, tu penses bien, elle n’a pas voulue venir. Même en appuyant sur le fait que c’était avec vous, rien à faire. » Je savais parfaitement que cela blessait beaucoup Célia mais elle faisait tout son possible pour ne pas le montrer. J'aurais aimé pouvoir faire plus pour elle mais j'avais déjà essayé de parler à Lilde et elle n'avait rien voulu entendre. Je me contentai de lui apporter de temps en temps Castiella, Lilde était plus douce dans ces moments-là. « Je vais bien, moi aussi. Cassy a été un peu malade car elle a mangé trop de glaces avec sa nourrice hier après-midi. Du coup, je suis restée pas mal éveillée cette nuit. Je crois que je vais en changer, elle ne devrait pas faire des erreurs de ce genre. » Ma fille était la personne la plus importante pour moi et je ne supportais pas qu'une personne censée être là pour elle la rende malade. Elle n’avait probablement pas fait exprès mais ce n'était pas la première fois alors je commençais à me montrer méfiante. Tout comme Célia, je me mis à regarder les filles en train de jouer tranquillement dans le sable. Il arrivait souvent que je me dise que Castiella avait besoin d'une présence masculine mais je n'arrivais pas à m'intéresser à eux pour le moment. Le comportement de Carlton, son père m'avait beaucoup trop déçue et j'étais incapable de faire confiance à un homme à nouveau. Cela s'améliorerait sans aucun doute avec le temps. « J’ai l’impression que ta petite puce a encore grandi. C’est dingue à l’allure que ça va. » Je ne pus m'empêcher de rire légèrement. « Je dois te dire que tu me rassures là. C'est exactement ce que je me disais l'autre jour. J'ai l'impression qu'elle change un peu plus tous les jours. J'ai encore du mal à me faire à l'idée qu'elle ait déjà deux ans. Deux ans que je vis ici, il faut croire que le temps passe vite. » Il est vrai que j'étais assez jeune pour avoir un enfant mais au moins, j'aurais le temps de la voir grandir pendant longtemps ce qui était une bonne chose. « Il y a peu, Carlton, le père de Castiella a tenté de reprendre contact avec nous. Tu es la seule à qui j'en parle. Je lui ai dit que je ne voulais pas le voir mais, au fond, je ne sais pas si c'est bien de le garder à l'écart. Au moins pour Castiella... » Le sujet Carlton était bien le seul sujet sur lequel je doutais concernant ma fille. Un serveur se dirigeai vers nous, probablement pour prendre notre commande.